Le muay thai est un sport emprunt de traditions. En Thaïlande, chacun en est familier, au point que chaque village a ses champions et organise des tournois qui sont également l’occasion de paris. Ceci est particulièrement vrai pour les villes de Sukhothai, Ayutthaya ou encore Rattanakosin, où les boxeurs peuvent trouver une source de revenus. Mais si tout ceci peut sembler très superficiel, le côté spirituel est également très présent.

« Muay Thai boxer » par http://www.dmitrimarkine.com – Wikimedia Commons.
Le rituel du Wai Khru
La musique fait partie intégrante du muay thai. De ce fait, ce sport de combat a acquis une dimension artistique. La musique (nommée sarama) est présente durant les rituels d’avant-match (Wai Khru) et est traditionnellement accompagnée d’une « danse », le Ram Muay, destinée à permettre aux boxeurs de témoigner leur respect aux entraîneurs et ancêtres. Le respect de la hiérarchie est primordial en Thaïlande : respect envers les professeurs, les maîtres ou les instructeurs, le seul respect encore plus grand est celui accordé aux parents. En échange de ce dernier, les élèves se voient offrir les connaissances et compétences de leurs professeurs, dont ils seront les héritiers et deviendront peut être à leur tour enseignants.

“Mondam S.Weerapol 4” par B20180 – Wikimedia Commons.
Le Wai Khru s’intègre dans la formation du muay thai :
Le Keun Khru : L’acte de soumission
Quand le professeur accepte un élève et que l’élève accepte le professeur pour sa formation, le futur boxeur apporte quelques articles personnels pour une cérémonie. Celle-ci est conduite devant une image de Bouddha et l’élève engage sa fidélité envers l’instructeur. Dans le passé, l’élève devait même servir son professeur pendant un certain temps avant que la formation réelle ne commence. Pendant cette période, l’enseignant doit s’assurer qu’il est digne de confiance, honnête et capable. Une fois que cette confiance acquise, l’élève commençait sa formation.
Le Kronb Khru : La fin de la formation
A l’issue de sa formation, l’élève a la capacité affronter d’autres boxeurs en compétition et de transmettre ses connaissances et ses compétences. Lors d’une cérémonie, on lui donne le traditionnel Mongkon. Celle-ci se déroule un jeudi avant midi dans la maison du professeur ou au temple.
Le Wai Khru Annuel : La prière annuelle
Le “Wai Khru annuel” est une tradition qui date de l’antiquité. Les boxeurs effectuent une prière pour leurs anciens et actuels professeurs afin d’exprimer leur gratitude pour la connaissance et les principes de vie enseignés. Le jour choisi pour le Wai Khru Annuel est toujours un jeudi car c’est “le jour des enseignants”.
Le Wai Khru reste sur les ring une performance empreinte de respect et de souvenirs ancestraux.
Le Mongkon et le Prajioud

Les Thaïlandais sont un peuple superstitieux qui prêtant des pouvoirs magiques à quantité d’objets. Les guerriers se voyaient souvent offrir des amulettes et se faisaient tatouer pour éviter les blessures et la mort. Le muay thai ne fait pas exception et est empreint de mysticisme.
Le Mongkon protège l’endroit le plus sensible du corps humain : la tête. Il s’agit d’un bandeau de tissu étroit, contenant des lettres et symboles sacrés, roulé fermement pour qu’il ressemble à une cordelette et lié avec du fil de couture, parfois sanctifié. Il est ensuite enveloppé avec une deuxième bande de tissu qui a été manipulée par le professeur de la cérémonie. Enfin, les deux sont réunis par des fils tissés pour former une sorte de queue qui, quand elle est placée sur la tête du boxeur, s’étend derrière lui. Avant le combat, pendant le recueillement du boxeur, le professeur le retire le Mongkon. Le Mongkon donnait une indication de la région ou du style du boxeur, mais aujourd’hui le nombre d’écoles, de styles ou de professeurs rend la reconnaissance bien plus compliquée.
Le Prajioud est quant à lui un bracelet, également traditionnellement confectionné par le professeur et sanctifié, porté autour d’un ou des deux biceps.
Le Sak Yant (tatouage)
Traditionnellement, ces tatouages venus d’Inde doivent être faits par un moine bouddhiste à l’aide d’une aiguille en bambou afin d’apporter protection et chance au combattant, mais, depuis l’augmentation drastique du tourisme en Thaïlande, de plus en plus de gens se font tatouer ces motifs chez un tatoueur classique. De nombreux thaïlandais se font tatouer, dans n’importe qu’elle couche de la société. Les boxeurs thaïlandais, généralement très superstitieux, se tatouent pour éloigner les mauvais sorts sur le ring, éviter les mauvais coup et attirer la chance.

“Yant-tattoo” by Sakyant – Wikimedia Commons.

“Wat-bang-phra” by Sakyant – Wikimedia Commons.
La musique (Pi muay)
La musique accompagne le Wai Khru ainsi que les rounds. Un orchestre composé d’un hautbois, d’un tambour et d’une cymbale rythme le combat.
Valentina au Lumpini Stadium lors des mondiaux WMF
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